La nuit dans le bus n’est pas des meilleures, comme d’hab, surtout que vu qu’on est revenus dans un pays chaud, on a le droit à la clim qui nous donne l’impression d’être coincés entre deux jarrets de boeuf dans une chambre froide tellement on se gèle. En plus, on en n’avait pas encore parlé mais ça fait une bonne semaine que Mamax a le dos bloqué, et le bus de nuit n’arrange pas la chose, il bouge le cou de plus en plus comme Roboccop. Bref, on arrive à Campo Grande à 7h du mat, on a appris qu’on reperdait une heure pendant le trajet #indice-numéro-1-que-le-pays-est-très-grand ! Mais bon ici, il fait beau, il fait chaud, on sent qu’on va faire péter les shorts !

Vu qu’on a rien de prévu aujourd’hui à part chercher une agence, on se dit qu’on a le temps d’aller les chercher en ville et on évite toutes les sollicitations d’agences au terminal de bus (enfin TOUTES, devait y avoir 3 mecs qui se battaient en duel, on est loin de l’Inde). On fonce dans un taxi direction l’hôtel, mais il s’arrête sur le chemin pour qu’un monsieur nous file un prospectus de son agence, « Pantanal Discovery ». Le monsieur s’appelle Gil, il a l’air ultra gentil, puis c’est l’agence qu’on comptait aller voir en premier alors on y voit un signe.

On arrive à l’hôtel, on ne comprend rien de ce que le mec de l’accueil nous dit en portugais (pour le coup on a l’impression d’être revenus en Asie, on ne comprend rien de rien !), mais il nous amène devant un immense buffet de petit-dej et nous fait comprendre qu’on peut manger. On ne se fait pas prier Didier ! On ressort vers midi pour chercher des agences, mais on en trouve 0 ! La ville est très étendue et pas du tout touristique, aucune rue qui regroupe les agences, aucune place principale… On est perdus, on va donc à l’unique et seule agence qu’on a, et il se trouve que l’adresse qu’il a nous a filé est celle d’un hôtel assez loin du centre quand même. Ca sent l’embrouille de forain !

On demande à l’accueil de l’hôtel, la standardiste semble surprise de voir quelqu’un venir pour ça, mais appelle le fameux Gil qui débarque 10 minutes après (on comprendra plus tard qu’en fait les gens font la réservation par WhatsApp et ne viennent pas en personne comme des bouffons nous). Il nous vend le pack « on est la meilleure agence sur le marché », il nous fait des rabais sans que l’on demande, nous promet une surprise de dingue, il nous propose même de nous offrir des bidons d’eau qui ne sont normalement pas compris dans le pack, bref, ça semble super alléchant, mais on est devenus trop méfiants et on a l’impression que ça pue une embrouille, en fait, on a peur que ce ne soit pas Gilou avec son petit accordéon (avec le blanc, le rouge et le saucisson) mais Gilou avec son gros pipeau !

On accepte tout de même son pack (vu que de toute façon on n’a trouvé aucune autre agence), il nous demande une petite avance (en cash) et il nous amène en voiture (avec sa femme qui conduisait) à une banque qui ne prend pas de frais quand on retire (depuis le début, ça sent l’embrouille, mais là pour le coup, Gilou nous file un super bon plan), puis il nous amène dans un resto d’un copain à lui, toujours en voiture, qu’il nous vend comme « le buffet le moins cher du coin tenu par la tante de Michel Telo » (fameux chanteur éphémère qui a juste été connu avec cette chanson et finito) (d’ailleurs plusieurs choses nous viennent à l’esprit en voyant ce clip : En 1, c’est quoi ce clip ? En 2, c’était il y a déjà 7 ans !! Et en 3, on ne veut afficher personne dans notre couple mais un de nous deux l’a vu en concert avec son cousin (et ce n’est pas Natnat)). Si c’est une embrouille, Gilou est quand même un pro ! On quitte donc Gilou et sa femme au pied du resto, on bouffe, on fait semblant de trouver cool une photo toute floue de Michel Telo et son oncle, on retourne à l’hôtel (en évitant la rue des drogués comme nous a averti Gil) et on se repose toute l’aprem.

On sort se restaurer vers 19h, il fait nuit noire ! Bon la nuit, s’pas bien gênant, mais le plus gênant c’est que tout est fermé, qu’il n’y a pas un chat dans les rues et les rares personnes qu’on croise ne donne pas vraiment envie de plus les connaître, et les petites chattes ne font franchement pas les fiers à trainer (et surtout, il n’y à rien pour manger !). On trouve notre salut dans un snack qui est sur le point de fermer, et on se rentre dans ces rues flippantes pour aller se reposer avant de nous lever tôt demain pour le petit dej le taxi que Gil nous a commandé.

Chose promise, chose due, on commence la journée par le petit dej de feu qui rendrait bouboule n’importe quel homme. Ensuite, le chauffeur qu’on pensait être le fils de Gilou (mais en fait pas du tout) vient nous chercher, il ne parle pas un mot d’anglais ni d’espagnol, on ne parle pas un mot de portugais, on ne sait pas où il nous amène, ça va être sympa. Il nous arrête dans un hôtel, on attend 5 minutes et notre Gilou national arrive, toujours accompagné de son smile XXL, et on paye notre séjour (moitié cash, moitié par carte, ça sent l’embrouille de forain mais bon, tant qu’on arrive à faire notre aventure de 3 jours, on ne dira rien). Gil nous explique que notre chauffeur va nous amener à la ferme à 4 heures de route de là, mais que si les flics nous arrêttent, il faut dire qu’on est dans un Uber (on ne le dira jamais trop, ça sent l’embrouille de forain, mais bon on veut voir du toucan nous, alors on jouera le jeu). On fait un selfie à la demande de Gilou, on le quitte et direction l’aventure avec notre chauffeur !

Le route se passe silencieusement (vu qu’on ne peut pas communiquer avec notre chauffeur), on quitte Campo Grande pour des grands espaces verts. On commence à voir quelques panneau « Attention traversée de Shadow » (faut remplacer « Shadow » par « tapirs » pour les non-« une-saison-au-zoo »-philes), c’est bon signe ! D’ailleurs, c’est tellement paumé que la radio de la voiture cherche en boucle une fréquence radio, en vain. Après un resto buffet au bord de la route, on a le droit à un arrêt croco entre 2 siestes ! C’est LA fameuse surprise de Gilou ! Ils font 1 mètre de long, et le chauffeur en bon Brésilien veut nous prendre en photo avec. En vrai c’était cool, mais vu qu’après on en a vu des centaines, on trouve que la nomination « surprise de ouf, oh-mon-dieu-vous-n’allez-pas-en-croire-vos-yeux-tellement-c’est-dingue » est peut-être un peu exagérée (il nous l’a vraiment vendu comme ça la surprise hein, on n’exagère pas).

On arrive dans le parc national du Pantanal, la route devient une piste, mais on adore ce qu’on voit de la voiture, c’est dingue ! Mais au fait, qu’est-ce que le Pantanal ? C’est le plus grand marais du monde, qui est très inondé en période de saisons des pluies, mais en saison sèche, on peut facilement le visiter. C’est connu pour être une immense réserve naturelle pour les animaux, et ce qu’on compte bien voir ! Ca commence bien, à chaque pont que l’on traverse, on voit 20 crocos (enfin en vrai, ce sont des caïmans, mais bon…) (d’ailleurs, quelle est la différence entre un crocodile et un alligator ? C’est caïman pareil. Une petite blague au milieu de l’article, ça ne mange pas de pain), des grands oiseaux blancs et nos premiers capybaras (c’est le plus gros rongeurs du monde, ça ressemble à un gros castor, c’est bouboule et tout mignon, bref tout ce que l’on adore). Le chauffeur nous lâche sur le parking d’un hôtel en plein milieu du Pantanal, fout nos sacs dans une grosse Jeep surélevée et s’en va après avoir récupéré d’autres touristes qui font la route en sens inverse. Nous on attend 30 minutes en regardant des caïmans et des capybaras, puis on part en Jeep en direction de la ferme, qui est encore plus loin dans le Pantanal.

On roule pendant 45 minutes, ce n’est à moitié en mode safari, le nouveau chauffeur s’arrête à chaque pont (et il y en a beaucoup, c’est pas un marais géant pour rien ici) pour qu’on prenne en photo les caïmans, puis les oiseaux, puis pour un fourmilier. Pour le coup, le fourmilier on trouve ça cool, ça changeait un peu des oiseaux, mais il part vite se cacher, on se dit tant pis, on l’aura vu c’est bien ! Mais le chauffeur ne pense pas pareil, car il a arrêté la Jeep, et quand le fourmilier retraverse la route derrière la voiture, le chauffeur sort pour aller l’embêter et fait tomber le fourmilier ! Les Brigitte Bardot que nous sommes étaient scandalisés, mais bon le mec ne capish rien à ce qu’on pourrait lui dire, on espère juste que le petit fourmilier n’est pas traumatisé.

On arrive à la ferme, notre maison pour les 2 prochaines nuits, c’est rudimentaire mais on s’attendait à pire (dans nos têtes, on s’attendait à vivre ce qu’on voyait dans « The Island », à se laver avec des seaux au fond du jardin, à pisser dans un trou, à s’éclairer à la bougie et au feu de bois…). Sinon, le lieu est immense, il y a une tonne de chevaux, vaches, chèvres, poules… C’est Paulo qui nous reçoit, il parle un anglais aussi correct que le notre, il ressemble à Hurley dans « Lost » (en un peu moins gros mais aussi gentil) et est expert en imitation de tous les cris d’animaux ! Il nous montre là où on dort, un grand hangar avec 2 hamacs, on sera seuls pour cette nuit, on est contents !

Il est 15:30, Paulo nous dit qu’à 16h on part en petite rando, il faut être en tong/short et avoir de l’anti-moustiques. A 16h on est en place, et on part, on ne sera que tous les 3 ! Le premier truc qu’on remarque, c’est la petite machette que Paulo se trimballe dans la ceinture, car « on ne sait jamais » comme il dit… Il nous raconte qu’il y a plein de jaguars dans le coin, et que pas plus tard que la nuit dernière, il y en a un qui a bouffé une chèvre dans la ferme à 2h du mat… Sinon la balade est vraiment coooool !! On croise un nouvel animal toutes les 5 minutes, c’est dingue. Paulo nous donne le nom de tous les oiseaux mais on n’en retiendra pas la moitié (puis c’était les noms anglais, des fois on ne savait même pas ce que c’était en français). Bref, dans le désordre, on croisera : des ibis, des hérons, des toucans, des faucons, des coatis, des caïmans, une biche (on ne la voit pas bien sur la photo mais elle y est !), des vautours, des poules d’ici, des canards d’ici, des cigales d’ici, des grues, les perroquets bleus de « Rio », des trous de tatous (mais pas de tatous), un singe hurleur mâle (parce qu’il était noir), des cigognes… Bref, on n’avait à peine le temps de regarder un animal que Paulo nous en montrait un autre.

On a fait une partie pampa et une partie bush (sous les arbres). A certains moments, on traverse les marais, on doit foutre les pieds dans l’eau jusqu’aux genoux, c’est assez degueu mais ça nous amuse bien quand même. Paulo nous explique qu’en saison des pluies, tout est recouvert d’eau et ça peut aller jusqu’à un mètre de hauteur. Et dans la boue, Paulo a décelé à un moment une trace récente de fight entre un jaguar et un autre animal, qui l’aurait trimballé sur plusieurs mètres, on voit les traces du jaguar et la trace de la traînée de l’animal (on se croirait dans une émission de National Geography, mais après le combat). Paulo nous raconte la scène en pointant les éléments avec sa machette, on avait l’impression d’être dans un film policier, quand l’expert explique la scène du crime juste avec les indices (bon on n’est pas convaincus de toute l’histoire, mais c’était sympa).

On rentre à la ferme avec un coucher de soleil, maguenifaïque ma chewie, ça fait longtemps qu’on n’en avait pas vu un aussi beau ! Les couleurs bouducon ! Bref, une première journée ici et on est complètement sous le charme. On croise même un caïmen tranquille-pépouze sur le chemin qui mène au hangar à hamacs ! Pour parfaire le tout, au menu du resto de la ferme, il y a… un buffet ! C’est le pays des buffets ici, on les enchaîne comme Mbappe enchaîne les cassages de reins, dans les deux cas il y a souvent des dégâts ! On goûte une spécialité d’ici, le « farofa », ça ressemble à un sable, et quand on le mange, bah ça a aussi la consistance du sable. Mais après ça a un bon goût, on dirait une semoule trop cuite (bon en vrai on apprendra plus tard que ça sert plus à assaisonner les plats qu’à manger « nature » comme ça, on a (encore) du passer pour des boulets) !

Allez au dodo dans les hamacs, demain on continue l’exploration du Pantanal !