Notre première étape cambodgienne à Siem Reap nous a un peu refroidi, on espère que la deuxième à Phnom Penh se passera sans (trop d’)embuches. On commence comme très souvent par un trajet en bus, mais contrairement à ce que l’on a lu sur l’Internet, notre trajet s’est plutôt bien passé. Bon il n’y avait pas de soute pour mettre les gros sacs, mais le bus n’étant pas plein, on a pu les mettre sur les sièges à côté. Sinon, pas d’accidents, ni d’arnaque, on aurait même pu arriver plus tôt que l’horaire annoncé si le chauffeur n’avait pas décidé d’aller laver le bus 30 minutes avant d’arriver à destination… C’est pendant ce trajet que l’on apprend que les routes au Cambodge ne sont pas exactement comme les routes partout ailleurs. Ce sont en fait 2 voies, avec des bandes d’arrêt d’urgence de chaque côté. Jusque-là, c’est du classique. Sauf qu’ici, ces bandes se transforment en 3ème et 4ème voie, qui servent pour les vélos, scooters, tuktuks, tracteurs, camions lents, carrioles traquées par des vaches, etc… Chaque doublement est un serrage de fesses de notre part !

On arrive à destination à 15h (l’horaire est important pour la suite de l’histoire). Phnom Penh est la capitale, mais n’est pas réputée pour être la ville la plus sympatoche à visiter. On aimerait donc y rester le moins de temps possible, mais on profite d’être ici pour faire nos visas pour le Vietnam (histoire de ne pas s’embêter à la frontière hum hum). On pose nos sacs à l’hôtel TRANQUILLEMENT, on profite quelques minutes pour faire des papouilles aux chiens de notre guesthouse (qui sont trop kikis), on prend le temps d’aller donner nos fringues à laver pas loin de l’hôtel, et on décide ENFIN d’aller à l’ambassade du Vietnam en tuktuk (en bons boulets, on a d’abord failli aller à l’ambassade de France… Heureusement, on a eu un éclair de génie avant de monter dans le tuktuk !). On arrive sur place à 15h55, et on voit que les bureaux ferment à 16h… On se hâte de remplir le papier, on avait oublié les photos d’identité, du coup petite panique dans nos rangs parce que ça nous obligerait à revenir demain et nous ferait donc perdre 24h, mais au final pas besoin semble-t-il, et on arrive à temps à donner le dû formulaire. Ouf ! Le monsieur derrière la vitre nous propose un visa express pour le lendemain à 50$, ou un qui prend 2 jours ouvrés à 40$ et vu qu’on est jeudi, ça veut dire pour lundi prochain… Va pour le express alors et ses 10$ de plus ! La chance semble tout de même tourner un peu plus en notre faveur (même si Naatnat n’y voit que le verre à moitié vide, celui des 10$ dépensés en plus) (ça fait quand même 20 bières ça !!).

On est soulagés, et si vous lisez notre blog, vous savez comment ça se passe quand on veut fêter des petites victoires… avec le fameux combo bière/cacahuètes (qui a toujours fait ses preuves jusqu’ici). On part ensuite manger dans un resto conseillé par le Routard dans la catégorie « bon marché », qui était tout sauf bon marché, mais il avait l’avantage de faire un délicieux mango-sticky-rice en dessert #bouboule ! On rentre ensuite à l’hôtel en passant par deux grandes places où l’on apprend que les Cambodgiens ont 3 passions : le foot de rue (on rencontre plein de terrains de fortune avec les fameux buts faits avec 2 pulls pour former les poteaux), le volley (ça fait moins kiffer Mamax) et les osselets (nan on déconne pour celui-là) (par contre ils adorent la pétanque au Cambodge, bon on ne les a pas vu pratiquer à Phnom Penh, mais à Siem Reap on a croisé quelques Philippe Quintais qui tataient du cochonnet).

A partir de là, on prévient, ça ne va pas être très drôle

Le lendemain, journée papillons, joie et bisounours en perpective ! On va en apprendre plus sur la terrible histoire du Cambodge, avec le génocide des Khmers Rouges. On a appelé ça la journée « Nan mais tu te rends comptes ?! »

Bref cours d’histoire, pour ceux du fond de la classe

De 1975 à 1979, les Khmers Rouges (un mouvement communiste radical) emmenés par Pol Pot prennent le contrôle du territoire cambodgien pour instaurer une véritable dictature et causer des centaines de milliers de morts dans leur propre peuple. Il s’agit d’un véritable génocide qui prendra fin après une invasion vietnamienne.

(On avait dit « bref » hein, après comme d’hab, on vous laisse avec Wikipedia, il dira sans doute moins de conneries que nous).

Pour entamer la journée, on prend donc un tuktuk très tôt (pendant plus de 30 minutes sur des routes super défoncées) (et commencer la journée par une bonne secouade, il n’y a que ça de vrai) jusqu’aux « Killing Fields », l’endroit où ils exécutaient les prisonniers. On voit l’endroit où les camions amenaient les prisonniers, les fosses où ils étaient enterrés après (parfois 400 par fosses), celles où il y avait les bébés et les femmes (après qu’elles aient été violées…), l’arbre où ils frappaient les bébés pour les tuer, les habits retrouvés dans les tombes… Bref, c’est horrible, c’est réel, on est toute chose. On termine par un film d’une quinzaine de minutes, un peu vieillot et un peu grandiloquent, mais intéressant. « Nan mais tu te rends compte qu’il y a eu presque 21% de la population d’exterminée ? 1 Cambodgien sur 5 !!! »

Suite du programme, on retourne se faire secouer en tuktuk pour aller à la prison S-21 afin de se faire secouer émotionnellement. Il s’agit donc d’une prison en plein centre de Phnom Penh, là où les Khmers Rouges ont fait prisonniers des milliers de personnes pour les « interroger ». Tout se passe dans un ancien lycée, les salles « d’interrogation » (ou autrement dit « de torture ») étaient des anciennes salles de classe. On peut entrer dedans, et à chaque fois il reste le lit au milieu, et une photo prise par les Vietnamiens quand ils ont libéré le lieu. Sur les photos, toujours un homme enchaîné avec une flaque de sang en dessous, c’est dur à voir. On peut voir aussi les photos des prisonniers prises par les Khmers Rouges, quand ils arrivent à la prison et juste avant qu’ils ne meurent, le contraste est saisissant. On continue par les cellules où il nous est difficile d’imaginer de devoir rester enchainés là-dedans. Puis la visite se termine en passant par des salles avec plusieurs panneaux qui expliquent un peu les procès (seulement 5 personnes ont été jugées !), et ce que sont devenus certains Khmers Rouges qui ont bossés dans la prison. « Nan mais tu te rends comptes que les principaux responsables n’ont été arrêtés qu’en 2007 ??!!! »

Dans la cour, il y a des tombes pour les 14 derniers prisonniers, une potence et un gros tableau qui expliquent aux prisonniers de l’époque comment se conduire dans l’enceinte. Une visite très dure, surtout quand on se rend compte que ça s’est passé à la fin des années 70, c’était hier en soit. Le lycée est un lieu très paisible, très ensoleillé, où on imagine sans mal les écoliers qui assistaient à leurs cours, avec le soleil qui rentre par les fenêtres, et c’est fou de se dire que ce joli lieu a été le théâtre d’autant d’atrocités. « Nan mais tu te rends compte que ça se trouve, ce genre de chose pourrait encore arriver sans que personne sur la scène internationale n’agisse !! »

On sort de là tout retournés et choqués. Il est à peu près 12h00, et on en aura pour la journée à cogiter sur pleins de « Nan mais tu te rends compte ?! ». On doit quand même reprendre notre journée prévue initialement, à savoir aller chercher nos visas, nos tickets de bus et nos bières.

Cette pause difficile mais nécessaire étant finie, on va essayer de remettre nos masques de joyeux lurons, même si en vrai, va pas y avoir grand chose de folichon dans le reste de notre article (oui, on est très mauvais vendeurs)

On ne peut aller chercher nos visas qu’à partir de 14h. On se lance alors dans une grande marche à la recherche d’un supermarché qui vend de la baguette et du pâté (on s’habitue trop vite à ces choses là…). On arpente les rues un bon nombre de fois, on finit par trouver notre bonheur et on se fait un pique-nique bien français pour se remonter le moral. Ce ne sera pas le meilleur plan pique-nique en terme de localisation (faute de parc dans le coin), mais ce sera assis sur un muret à l’ombre et au calme dans une rue où les trottoirs n’ont pas encore été envahis (et franchement, à Phnom Penh, c’est déjà une petite victoire !).

On ne peut même pas faire le trottoir

Globalement en Asie, les trottoirs sont inexistants. Et quand il y en a comme ici à Phnom Penh, ils sont rarement destinés aux marcheurs, mais plus aux boutiques qui peuvent s’étaler un peu plus, aux scooters/vélos qui s’en servent de parking ou bien même de voie de circulation, aux vendeurs de rue qui prennent toute la largeur, aux travaux (qui sont en général très nombreux), aux poubelles à ciel ouvert… Bref, marcher dans la rue n’est jamais un moment de plaisir, encore moins dans les très grosses villes où la circulation est très dense et la conduite assez dangereuse. On est très loin de nos balades parisiennes, la main dans la main, à regarder en l’air, à chanter avec les oiseaux et à profiter de la ville, mais on est plus sur un parcours du combattant à devoir éviter les trous/véhicules et à jouer sa vie à pile ou face au moment de traverser les routes.

Vers 13h30 on tente notre chance, et yeah nos visas sont prêts ! On doit maintenant acheter des tickets de bus pour la prochaine destination. On fait 2 compagnies et on choisit la moins chère, pas pour le plus grand plaisir de Natnat, mais pour le budget (ce fameux budget…) !! Retour à pied vers l’hôtel, on récupère notre lessive propre mais il ont oublié de rendre un pantalon à Natnat… Ouais on sait, un pantalon noir informe, tout distendu, avec un trou recousu sur les fesses, c’est le comble du chic, mais non, Natnat en a besoin de ce pantalon !!

Pour le repas du soir, on teste le foodcourt d’un centre commercial. Ben clairement, c’est pas la Chine ici ! L’endroit est quasiment désert, les cuistots derrière leurs stands ont l’air en pleine déprime, et il n’y a pas masse de choix. On est loin de l’ambiance enfumée, bruyante et bondée de la Chine ! Au moins, ce n’est pas cher et pas trop dégueu. Et c’est ainsi que se termine notre journée et demi à Phnom Penh, qui n’était pas des plus joyeuse ! Maintenant on part vers le Sud, les plages et le soleil, on espère apprécier un peu plus avec le Cambodge là-bas !

(Et on sait que vous êtes dans le suspense depuis tout à l’heure et énervé de ne pas savoir, alors la réponse est : oui, Naatnat a bien récupéré son pantalon noir ! Vous pouvez dormir sereinement sur vos 2 oreilles ce soir.)