On était prévenus, on était préparés et on a été servis : à Hué il pleut. Beaucoup. Après avoir quitté notre hôtel de Hoi An et son lot de gênance, on embarque dans un bus couchette pour 3 heures, qui n’était pas rempli et où on était sur les couchettes du bas, un trajet qui passe crème comme disent les jeunes (car oui, on fait des efforts pour rester jeunes quand même) !

On arrive à Hué, et comme promis, il pleut ! On pose nos affaires à notre hôtel, on enfile nos k-way et des sacs plastiques sur les chaussettes et on se dépêche d’aller goûter la spécialité de la ville : le Bun Bo Hué ! On était déjà friands de ce plat à Paris, mais dans ce resto, il ressemble plus à une soupe de boeuf qu’à notre bo bun parisien qu’on connaissait (mais ça reste très bon, et très copieux) (à notre avis, ils se sont inspirés de la météo d’ici pour se sentir obligés de nous ajouter autant de flotte dans notre bo bun !).

Pour l’aprem, on décide de louer un scoot afin de visiter les environs de la ville. On est devenu accros ! Sauf qu’ici, il y a beaucoup de circulation dans le centre ville, et à chaque carrefour, on a l’impression de traverser la place de l’Etoile à Paris (avec des sons de klaxon beaucoup plus prononcés, une odeur de brochette et des nanas en chapeaux-pointus-tongs-chaussettes en vélo en plus) ! Mais en serrant les fesses, ça passe toujours (inchallah ça sera toujours le cas). Une fois sortis de l’enfer la ville, il y a moins de monde, on va plus vite, on peut aller jusqu’à AU MOINS… ha bah on ne sait pas, la jauge de vitesse est cassée. On roule une bonne demi-heure sous une bonne pluie, en espérant que la jauge d’essence indique bien le bon quota, direction le tombeau impérial « Minh Mang ».

On se trompe d’entrée, mais on se dit que ce n’est pas très grave, on fera les 15 minutes à pied, ça nous fera les jambes. Erreur. Ce sera une marche de 15 minutes sous une pluie battante à faire « mumuse » dans la gadoue et à tenter d’éviter de glisser sur les pierres (et ainsi éviter de tomber dans une marre de boue), bref on s’en fout partout ! Au moins, on n’a pas eu à batailler pour ne pas payer de faux parking, on se console avec ça.

Hué will rock you

Queen - 1977

Petite pause Stéphane Bern : Hué était l’ancienne capitale impériale du Vietnam jusqu’en 1945, et c’est donc ici que les rois se succédaient pour siéger sur leurs beaux trônes. Et le truc des rois à l’époque, c’était de se construire leur propre mausolée pendant qu’ils étaient encore en activité, pour qu’à leur mort ils y soient enterrés. Du coup, les lieux sont assez imposants et clinquants et on arrive rapidement à comprendre les caractères des rois en voyant leur mausolées. Nous avons commencé par le mausolée de Min Mang, qui peut se résumer à une succession de bâtiments aux couleurs un peu patinées et noircies qu’on aime bien et suivant une ligne droite d’est en ouest. C’est beau, c’est grand, c’est au milieu d’un superbe parc, il n’y a pas grand monde, et s’il ne pleuvait pas autant, on serait aux anges.

Après une petite heure de visite tranquilou dans nos kway, il est temps de reprendre notre bain de boue, de renfourcher notre bolide et d’aller voir un nouveau tombeau, celui de Khai Dinh. On est pas mal trempés quand on arrive, et il faut en plus se taper des marches pour y accéder #larnaque ! Bon, d’extérieur, celui-ci est très sombre et possède moins de charme que le premier, mais une fois en haut, il permet de jouir d’une vue sympa. Pour l’intérieur, rien à voir, on est parti sur un mélange de Versailles et Las Vegas des plus gracieux : ça brille de mille feux, c’est kitch, c’est chargé comme pas possible et on est sur un level de mégalomanie qui dépasse celui de Louis XIV (ou d’Ibrahimovic pour les beaufs).

Ce sera aussi l’occasion de retrouver nos copains les touristes chinois, parés de leurs plus beaux  pantalons et capes de pluie. Depuis qu’on a gouté à la joie de porter ces sacs poubelles capes de pluie quand il pleuvait à Hoi An, on devient jaloux des gens qui en portent maintenant…

On reprend le scoot, direction l’endroit qu’on voulait le plus voir, l’endroit qui nous a fait venir à Hué, celui pour lequel on s’est un peu forcé à faire notre sortie scoot sous cette pluie aujourd’hui (car oui, sans ça, on aurait laissé tomber à l’eau les tombeaux. Jean Blaguin, humoriste). Cet endroit, c’est… un parc aquatique abandonné !! On avait vu pas mal de photos sur les blogs, ça nous donnait vraiment envie. Il s’agit en fait un parc d’attraction aquatique qui a fait faillite, et qui est resté tel quel à l’abandon. On se dirige avec entrain vers l’entrée (on ne vous le précise plus, mais bien sûr tout ça se passe sous une grosse pluie hein), il y a des jeunes devant nous qui sont déjà rentrés. On gare le scoot, on voit des gradins au loin et on décide de suivre la troupe qui s’y dirige. On est à peine descendus du scooter qu’on se fait crier dessus par derrière : « NO, no visitors ». La déception, la tristesse, le Macdo fermé à 23h alors que t’as bu 3 pintes et que tu veux du gras, ton couple préféré dans ta série préférée qui se sépare… On essaye de négocier, on demande pourquoi, mais le monsieur semble avoir fait la même école d’anglais que Martine, du coup rien à faire, le mec se contente de dire « No visitors ». Il va aussi chasser les autres et prend une moto pour faire le tour du parc.

"Waka Waka Hué Hué"

Shakira - 2010

On hésite un peu, mais bon on n’ose pas trop forcer (car on le rappelle, mais on est quand même des petites chattes à la base), on ne sait pas trop jusqu’où le mec peut aller. On reprend notre scoot pour essayer une autre entrée, en se disant vraiment qu’on est malins et qu’on va le niquay pouvoir rentrer. Mais sur cette deuxième entrée il y a une grosse chaîne, un bon gros panneau « NO VISITORS » et surtout le même mec qui nous a chassé de l’autre côté planté devant, le sourire aux lèvres.

"Huélène, je m'appelle Huélène"

Hélène Rollès - 1993
(si tu ne connais pas, restes dans cet état, ne vas pas chercher sur l'internet)

Il est donc temps d’abdiquer et de s’avouer vaincus, et c’est donc résignés, déçus et surtout trempés comme un François Hollande sur l’île de Sein qu’on termine notre aprem visite, qu’on passe par la case « serrage de fesse sur notre scoot en centre ville » et qu’on rentre à l’hôtel. Et là, on ne peut que remercier l’inventeur du sèche-cheveux ! On sèche toutes nos chaussettes, chaussures, pantalons avec ça, ça sent le chien mouillé dans la chambre, ce n’est pas classe du tout mais très efficace ! C’était le moment fort de notre soirée, pour le reste ça sera repas à l’auberge et série.

Le lendemain, il ne pleut pas ! ALLELUIA ! Comme on l’a déjà dit plus haut, Hué était l’ancienne capitale impériale, et qui dit « capitale impériale » dit « cité impériale ». C’est un peu le must-do quand tu viens à Hué, c’est comme aller à Pékin et visiter la cité interdite (bon celle de Hué est en plus petite et a plus morflée) ou aller à Paris et visiter la cité du parc des Princes (bon celle de Hué était plus destinée aux rois). Bref, c’est donc à pied qu’on s’y rend, et arrivés sur place, le lieu est très beau, mais la visite est longue, très looongue, et l’enceinte est grande, trèèèès grande, et il se remet à bruiner pas mal…

On prend tout de même du plaisir à observer l’architecture, les couleurs et le palais de l’Harmonie Suprême entre autre, mais on sort complètement vidés de notre matinée. Pour arranger le tout, on a voulu sortir par l’entrée, mais non ma bonne dame ce n’est pas possible, on doit tout se retaper pour pouvoir sortir, alors qu’on était déjà au bout du roul’ !

On se requinque dans un resto, on marche un peu et là sur qui on tombe ? Non pas Zidane ni Papin ni même un autre joueur de foot, mais sur Silvie et Christophe, nos copains SDF de notre premier hôtel à Hoi An ! On papote, on les suit dans une boulangerie, puis on fait la route pour rentrer ensemble. On les requitte après s’être donné rdv à Cat Ba, où on y sera au même moment pour le Nouvel An.

Après ça, on cherche de quoi se faire un pique-nique dans le bus ce soir. On trouve une boulangerie française, qui vend du pain et qui passe sa meilleure compile Nostalgie en stock à base de Sardou et de Dalida, on ne résiste pas à se faire un goûter avec au menu gâteau au chocolat et gaufre, comme celle de la Maman de Natnat (mais en moins bonne quand même !). On se croirait presque à la maison (même si on est plus RFM que Nostalgie en vrai) !

Il est quasiment l’heure d’aller prendre notre bus de nuit, direction Hanoi, où de là on reprend direct un bus pour Cat Ba. Hué c’est fini, c’était court, humide mais somme tout ch-hué-tte !