Les terminaux de bus en Colombie

Boom, un aparté dès le début de l’article, pour bien se mettre dans le bain, et un aparté pour parler des bus, pour changer. Et on est contents, en Amérique du Sud, ils ont des terminaux de bus, des vrais (on dit ça pour faire une comparaison avec l’Asie où là-bas, au lieu de nous arrêter aux terminus les chauffeurs nous arrêtent chez leurs potes à 5km de la ville pour te faire payer un taxi qui te taxira taxera. Bref, tout ça, c’est de l’histoire ancienne maintenant). Du coup, un terminal de bus ici, c’est un peu comme un aéroport, en plus petit, en moins clean, sans tout le bordel de sécurité, avec plus de vendeur d’empanadas et avec beaucoup plus de moustiques.

Du coup, nouveau bus de nuit, cette fois-ci avec une estimation de 14h de route entre Carthagène et Medellin. Sur le papier, ce n’est jamais le truc cool. Et en vrai non plus. Alors comment se passe une nuit dans un bus en Colombie ? Déjà, il faut chercher la position (souvent la plus anormale) pour essayer de dormir le mieux possible (chose qu’on ne trouve jamais en fait), un peu comme un chien quand il veut se coucher. Dans ce bus, on peut plier le siège à 160 degrés (à peu près), c’est pas couché mais s’pas mal quand même. Et on a de la chance (faut relativiser quand même hein, on n’est pas pompedup non plus), il n’y a pas grand monde dans celui-ci, on peut étendre nos jambes un peu à notre guise, surtout qu’on est tout devant. Mais la chose la plus insupportable dans ces bus, c’est cette clim qu’ils te mettent qui est ramenée directement du Pôle Nord. Pour parfaire un peu le tableau, la route te laisse penser qu’ils ont placé des ralentisseurs tous les 30 mètres, sans compter les virages des routes de montagnes. Bref, on dort mal, on ne dort pas, mais pour passer le temps ils nous mettent un film, en espagnol sans sous titre, en version DVDgrippé, avec le son en décalé, sur un mini écran à l’avant du bus, en l’arrêtant avant la fin, parce qu’à un moment, faut faire dodo les cocos (pour ceux qui y arrivent). Il faut savoir que dans ces bus de nuit (et pour les longues distance en général), il y a 2 chauffeurs qui jouent le coup des Coréens en se relayant, ils ont une cabine isolée qui fait office de cabine de chauffeurs mais aussi de boite de nuit au vu du niveau de la musique qu’ils mettent, et se font des stops que pour eux pour bouffer. Bref, la nuit se passe comme elle se passe, le jour se lève gentiment, les éclairs de notre nuit oragée font place à la beauté des paysages montagneux (Mamax Appolinaire) (on fait une cure de poésie, ça va nous passer ne vous en faites pas), et on arrive enfin à Medellin, après 16h30 de route (ouais, ça par contre au niveau des retards, c’est tout comme en Asie). On est donc restés dans le bus de 21h30 à 13h30, avec plein de pauses « bouchons à cause des éboulements » sur la route, et sans quasi rien manger, c’est donc 2 bouboules grognons et fatigués qui arrivent à Medellin en ce début d’après-midi !

Medellin (se prononce « Médé-yine ») est surnommée « la ville du printemps éternel », comme Kunming en Chine, et a été mondialement connue il y a quelques années pour avoir été la « ville la plus dangereuse au monde ». Mais cette époque est révolue, Pablo est mort (la Quica aussi…), le narco-trafic s’est estompé, mais tout ça on y reviendra un peu plus tard dans l’article. Et malgré les améliorations, il n’empêche quand même que notre Petit Futé et les blogs sont unanimes : si on veut pouvoir se balader la nuit tombée, il est fortement recommandé de dormir au « Poblado », le quartier un peu richou et surtout loin de tout ce qu’il y a à voir en ville. On y arrive donc en taxi et on fait un check-in à l’auberge où les réceptionnistes gagnent la palme des plus désagréables personnes de Colombie, voir de tous les pays qu’on a fait. On quitte nos portes de prisons personnels d’hôtel et notre chambre très humide et on part chercher un goûter, voir comment marche le métro, prendre un verre et se rendre compte qu’il n’y a rien à voir et à faire dans notre quartier. Enfin non, il y a un McDo quand même !

Le McdDo en Colombie

La déception ! Aucun combo qui comblerait Mamax, pas de nugget + burger, pas de « 2 burgers pour le prix d’un », rien ! Bon ça ne reste pas très cher mais on a que du classique de chez classique, les trucs un peu cool sont des « Signatures », et pour nous c’est pas des vrais DoMac ça. Le seul truc cool, c’est qu’il y a 4 sauces à volonté. Sinon, peut mieux faire #les-bouboules-dénoncent !

Ce quartier du « Poblado » s’est petit à petit transformé en quartier à touristes où les bars à happy hours et les hostals ont poussés à vitesse grand W (c’est plus rapide que « grand V »). On ne sait pas si c’est parce qu’on est à Medellin et qu’il y a une réputation à tenir, mais sur les 30 minutes de marche à pied qui nous ramène à notre hôtel, on nous propose de la drogue toutes les 5 minutes « Cocaine ? Canabis ? Coke ? Weed ?» ! Il y a tout ce que veut le touriste on vous dit ! Allez on a une nuit de sommeil à rattraper nous !

On se lève tôt et on part pour notre première journée de visite, qui ne sera pas consacrée à Medellin mais à une ville qui se situe à 2 heures de bus : Guatapé. On somnole tout du long, et on arrive un peu avant Guatapé, à la « Pierda de Peñol », notre terminus ! La « Pierda de Peñol », c’est un gros et grand rocher avec plein d’escaliers qui permet d’avoir un beau point de vue sur les alentours. On commence d’abord par grimper des marches pendant 15 minutes pour arriver au pied du-dit rocher, puis c’est parti pour 675 marches ! On les fait en 15 minutes, malgré la non-motivation de Natnat, le soleil et la chaleur environnante. Mais bon ça valait le coup, quelle vue !

Il y a plein de lacs, plein d’avancées de terre (on ne connait pas le nom exact), on se croirait presque dans les Marlborough Sounds en Nouvelle-Zélande (en moins grand quand même). La spécialité du bar au sommet du Mirador, c’est une « cerveza michaleda con mango », une bière à la mangue ! On adore la bière, on adore la mangue, que demande le peuple ? Ben que ça soit bon, parce là c’était dégueu ! Ils foutent une énorme couche de sel en haut du verre, on a l’impression de boire une tequila paf sans tequila, mais avec de la bière et une mangue super amère. Bref, clairement pas la découverte de l’année, heureusement la vue était belle sinon on se serait taper les 700 marches pour rien.

On redescend et en mecs sportifs, on décide de décliner les offres alléchantes de tous les tuktuks qui nous attendent en bas du gros caillou et de marcher une petite heure pour rejoindre Guatapé. La balade aurait pu être cool si ce n’était pas de la route tout du long, sans trottoir.

On finit par arriver à ce petit village, qui est somme toute très mignon ! On avoue, on préfère la blancheur de Villa de Leyva et Barrichara, mais les ruelles et les maisons colorées sont très jolies ! C’est un peu un mix entre Barrichara et Carthagène dirons nous, on apprécie quand même, on adore les lampadaires, les fleurs et les fenêtres, on n’est pas des mecs blasés ouech.

On se balade encore un peu dans le centre après un bon resto à base d’almuerzo et de tamal, le soleil fait son apparition et on tombe sur la rue la plus mignonne de la ville. Y a pas à dire, le soleil change quand même beaucoup de chose ! Une bonne série de photos plus tard et on reprend le bus de retour pour Medellin.

Pour revenir à notre charmant hostel, on prend le métro, le métro qui est un peu la fierté des habitants de la ville. Bon pour nous ça reste un métro, mais il ne pue pas, il est propre, il ne coûte pas cher (ça fait déjà 3 points en plus par rapport à celui de Paris quand même). Il est aussi bondé par contre, et il ne dessert pas le 11ème arrondissement (1 point en moins que celui de Paris). Le reste de la journée ne sera pas passionnant, on s’ennuie dans notre quartier de richou !

Le lendemain, on commence la journée en prenant nos clics et nos sacs pour nous barrer de cet hôtel afin d’aller dans un autre hôtel (toujours dans le Poblado) un peu mieux placé et surtout, avec du personnel moins antipathique. On lâche nos sacs, on ressort directement, et on part faire une activité incontournable de Medellin selon les gens qui sont venus ici : un free walking tour ! C’est donc une visite guidée, gratuite sur le papier, mais il est quand même de bon ton de payer un peu le guide à la fin (ce qu’on comprend, mais du coup on devrait appeler ça un « on-donne-ce-qu’on-veut-mais-faut-donner-un-minimum-si-on-ne-veut-pas-passer-pour-un-radin walking tour », mais c’est assurément moins vendeur). Et on choisit de voir le quartier de « la Comuna 13 », connu pour avoir été « le quartier qui était le plus dangereux du monde » il y a quelques années. C’est peut-être le quartier qu’on « connait » le plus de Medellin, vu qu’on a regardé « Narcos » et qu’on n’a pas arrêté de dire après « Somos el cartel de Medellin, si Tata ! ».

On fait le tour guidé en anglais par Laura, une Medellianaise (on ne pense pas que ce soit le bon mot, mais ça fait penser à mayonnaise, on aime bien) depuis sa naissance, qui a connu toute cette histoire tragique, et qui, par ce tour, veut démontrer que ce quartier n’a plus du tout l’image que le monde extérieur lui donne, qu’il se reconstruit et qu’il fait (presque) bon d’y vivre. La Comuna 13 se trouve sur les collines à l’ouest de Medellin, où les gens qui n’avaient pas les moyens d’avoir de maisons dans le centre ont construit leurs maisons en brique et sans autorisation sur ces collines. Il s’agit donc d’un quartier très pauvre (pour ne pas dire bidonville), mais il s’agit surtout d’un endroit très stratégique pour exercer des activités illégales car on est sur la route qui mène au Panama et au golfe d’Uraba, là où la drogue sort et où les armes rentrent dans le pays. Dans les années 80-90, le quartier est contrôlé par le-monsieur-qu’on-doit-pas-prononcer-le-nom (c’est Pablo Escobar pour ceux qui ne l’ont pas) et le taux de criminalité est alors relativement faible (à part à l’encontre des policiers, des primes étaient offertes si les gens les tuaient). Il faut attendre sa mort en 1993 pour que la Comuna 13 bascule dans l’ultra-violence à cause d’affrontement entre des groupes politiquement opposés (dont les fameux FARC) qui veulent tous prendre le contrôle du quartier (pour les mêmes raisons qu’on a déjà dit). Les forces gouvernementales et des groupes paramilitaires tentèrent des opérations pour reprendre le quartier en main, ce qui entraîna beaucoup de blessés, de morts et surtout beaucoup de personnes disparues. Ce n’est vraiment qu’à partir de 2013 que la situation commence à s’apaiser, que les cessez-le-feu se mettent en place et que la mairie de Medellin se met a adopter une approche sociale pour réhabiliter ce quartier meurtri.

Aujourd’hui, on n’est pas non plus dans les bisounours, mais le quartier a tout de même gagné en sécurité et en modernité (dont l’installation d’escalators pour pouvoir monter tout en haut, ce qui est une vraie révolution pour les habitants, ça leur permet d’aller facilement au bas de la ville (là où il y a les docteurs, magasins, administrations etc) et de remonter facilement au lieu de devoir marcher 30 minutes sur des pentes trèèèès raides), les graffeurs se font kiffer en repeignant tous les murs et en faisant passer des messages de fraternité à travers leurs dessins, et notre visite se termine dans la maison de Laura qui se trouve tout en haut du quartier. Elle nous montre des photos d’histoire, nous explique la peur au moment des interventions militaires avec ces hélicos qui tiraient au dessus du quartier pour ramener de l’ordre et surtout pour nous faire part de son envie de dire au monde que ce quartier n’est plus ce qu’il était. On a quand même eu le droit à des arrêts « touristes », genre la meilleure glace du quartier, la boutique du graffeur où on peut acheter des toiles et un spectacle de danse urbaine par les mecs du tier-quar !

Après cette bonne grosse dose d’histoire, Il est temps de retourner en ville et d’aller découvrir les points sympas à voir. On s’enchaine alors le parc Bolivar, la rue piétonne Junin (où on en profitera pour regarder un match du Réal avec Zizou manger une bandeja Paisa (le plat typique de Medellin inventé exprès pour les bouboules : saucisse, boudin, chicharon, oeuf, riz, avocat, haricots rouges …) (les 3 petits points c’est parce qu’on n’a pas tout retenu et que c’est un peu une liste sans fin ce truc), la place Botero (et ses fameuses sculptures), un coucou à l’église de Veracruz, et on finira notre petite marche en nous rendant au « Monumento La Vida », où on doit traverser un quartier que-si-on-savait-on-ne-serait-pas-venu (vu qu’on n’a pas voulu prendre le métro) à base de mecs défoncés et de clodos bourrés, pour pouvoir nous rendre sur place et se dire qu’il s’agit d’un fontaine pas incroyable en fait.

Il est temps de rentrer à notre nouvel hôtel, sans avoir à remonter tout le quartier. Chose incroyable, on est seuls dans l’hôtel, mais vraiment seuls, la réceptionniste nous dit bien en gros « on vous laisse la maison pour la nuit, faites pas n’importe quoi les enfants ». C’est mal nous connaitre, et dès que la madame part, c’est parti en grossse bataille de polochons et la musique à fond les ballons. On est des gros gue-din. Nan s’pas vrai, on s’est juste maté une série dans la chambre… Par contre, avant de partir, la madame nous indique que la salle de bain à notre étage ne marche pas, que si on veut faire une douche, il faut aller à l’étage du dessus. « Ben ok, toute façon on est seul dans l’hôtel ! ». Le soir arrive, la nuit orageuse de dingue aussi, et en fait, quand la madame disait l’étage du dessus, il s’agissait en fait du toit. Du coup, pour faire la douche, il faut passer par le rooftop, se rendre dans la salle de bain au bout du rooftop (donc courir dehors sous la pluie), pour arriver dans une salle de bain glauque et pas rassurante du tout, avec de l’eau pas chaude. Ca sera donc des douches express de flipettes qui ont peur de voir un psychopathe débarquer dans la douche, avec une arrivée masquée par le bruit de l’orage et tout d’un coup éclairé par l’éclair, comme dans les films (bon ok c’est surtout Natnat qui avait peur de ça) !

Après ça, RAS au niveau de la nuit, à part qu’au matin on a entendu du bruit dans l’hôtel, donc soit cette personne est arrivée pendant la nuit et on n’a rien entendu, soit elle était là depuis le début et dans ce cas-là elle n’a jamais fait de bruit, dans tous les cas c’est chelou. On se prend un petit Uber, direction la gare routière et tchao Médéyine, direction Jardin (se prononce « Jardine », comme vous pouvez le deviner) !